Méthodogie suivie :
La mission avait pour but principal, de vérifier et / ou de confirmer les résultats des précédentes missions, expéditions organisées par le Secrétariat Général, toutes faisant état d`existence des points de suintement des hydrocarbures et / ou des surnageant pouvant être identifiés comme des huiles et d`en prélever des échantillons, notamment à Tolo, Ilanga Nkole et Bunu , des schistes bitumineux à Kipala et d`autres indices à Lwembe et Kimbimbi.
La procédure consistait donc à identifier les positions où ces manifestations étaient observées et les prélevements antérieurs effectués, tout en s`appuyant, non seulement sur les informations fournies par les expéditions du Secrétariat Général, mais aussi sur les rumeurs des autochtones : affouiller jusqu’à la profondeur indiquée de manière à atteindre la couche imbibée d’huile et observer si oui ou non, le phénomène pouvait se reproduire.
Nos investigations ont révélé la couche cible d’argile, base d’un conglomérat. Ce contexte est commun à tous les sites visités. S’en suivront les résultats respectifs ou nos observations sur chaque site.
I. Tolo:
Un village du territoire de Kutu, situé à environ 150 Km de la cité de Nioki, sur la rive gauche de la rivière Lukeni. Là, deux positions avaient été sondées :
- La première située au bord de la rivière Lukeni au point de latitude S 02˚57’51,1’’ ; Longitude E 18˚36’26,6’’ et d`altitude 309 m.
- La deuxième position se situe sur la rive droite de la rivière NGA, un affluent de la Lukenie. Les coordonnées du point sont : Latitude S 02˚57’45,6’’ ; Longitude E18˚33’48,3’’ et l’altitude 327 m.
Le premier jour, Dimanche, 02 décembre, deux puits ont été forés sur la Lukeni et deux autres sur Nga, tous approximativement aux positions antérieurement exploitées. La profondeur moyenne atteinte était de deux mètres.
Une grande difficulté s’était pourtant révélée, la montée des eaux de la rivière Lukeni en crue nous empêchant d’affouiller plus en profondeur ; les puits étant à chaque fois très rapidement inondés. Résultat : la couche d’argile n’a pu être atteinte et donc, pas d’huile.
Le deuxième jour, lundi 3 décembre, il a été approndi un ancien puits, inondé et d’en faire un autre à plus de 2 mètres en amont que la position de la veille.
Le puit I, au bord de la rivière avait 2 mètres de profondeur et pas plus. Le puits II, avait 3 mètres de profondeur environ. Malgré tout, la couche d’argile n’était pas visible.
Après avoir développé les puits plusieurs fois, on les a laissés reposer toute la nuit pour voir le matin si des surnageant pouvaient être observés.
Mardi 4 décembre, matin, aucun signe observé, Ilanga Nkole est abandonné.
De l’avis général, délégation, chef des terres et villageois, sommes unanimes qu’une telle observation n’est propice qu’en période d’étiage de la rivière Lukeni, donc en saison sèche : février ou juillet.
II. Ilanga Nkole:
(Mercredi 5 décembre)
Ilanga Nkole et Tolo, villages en partie au bord de la Lukeni (quai), latitude S03˚23’14,1’’ ; longitude E19˚19’48,1’’ et altitude 309m.
Tandis que le grand village (Latitude S03˚23’08,7’’ ; longitude E19˚19’48’’ ; altitude 310m), est situé + 2 km à l’intérieur des terres., puis à + 150 k en amont de Tolo, et à 13 km en aval de Oshwe. Ilanga Nkole est sur la rive droite de la rivière Lukeni.
Le point foré se situe sur la berge de la rivière Mapo qui prend sa source dans une clairière (bahut) proche se jetant dans la Lukeni. Ce point à + 1 km du village s’observe : à la latitude N 03˚23’48,7’’ ; la longitude E19˚19’41,0’’ ; altitude 305 m.
Le fait d’écarter du site, les feuilles mortes jonchant la rive du ruisseau, suffit déjà pour que se manifeste des émanations des gaz suffocants. Un trou de + 0,80 m de profondeur a permis d’atteindre la couche d’argile imbibée d’huile.
Une fois délayée dans l’eau du ruisseau, il s’est manifesté à la surface de l’eau, un film d’huile agglomérée en une mousse blanchâtre que nous avons collectée et conservée dans de Bouteilles colorées par la suite.
Après avoir laissé inonder le trou de la collecte, les hydrocarbures étaient perceptibles par des bulles venant s’éclater à la surface avec l’effet d’un feu d’artifice.
Il est toutefois important de noter que le sous sol du lit de ce ruisseau contient du calcaire. Ce qui explique d’ailleurs la nature calcareuse et non quartzeuse du gravier du conglomérat comme signalé avant.
III. Kipala Ngini:
(Mercredi, 12 décembre) :
Est une localité du territoire de Bagata, voisine de la mission Sia par Djuma, ayant pour : Latitude S03˚55’38,8’’ ; longitude E18˚36’29,5’’ ; altitude 443 mètres et située sur un haut plateau entouré des ruisseaux encaissés.
Le point prospecté est dans la rivière Tamada, l’un de multiples ruisseaux des vallées entourant le village. A remarquer que tous ces ruisseaux présentent le même contexte géologique.
Enfin, dans leurs cours inférieurs, ceux-ci se jettent dans le Kwilu ou dans l’un de ses multiples affluents. Le point de prélèvement, situé sur la rivière Tamada, a pour : Latitude S03˚23’48,7’’; longitude E18’36’26,6’, altitude 412 m. Tamada coule dans une faille laissant affleurer des schistes dont le parcours est parsemé des chutes.
L’examen de ces schistes a révélé la présence des couches noires avec une odeur fétide. Ces schistes noirs dont nous avons prélevés des échantillons, sont visiblement des schistes bitumineux. En fait, elles ont été une fois imbibées d’hydrocarbures, mais avec le temps, elles ont vu la partie volatile s’évaporer pour qu’il ne reste plus que le carbone qui leur donne cette teinte noire. En plus, en essayant de sonder le lit de la rivière, nous avons aussi remarqué la présence du Bauxite.
IV. Bunu:
Est situé à l’Ouest de la mission Sia, territoire de Bagata. Il n’a pu être prospecté à cause des conflits internes au village, deux camps se disputant la chérie donc, pas d’interlocuteur valable pour nous sans l’aval d’un chef coutumier.
Des rumeurs persistantes signalent que l’eau d’un ruisseau dans la forêt du village aurait été interdite à l’usage aux villageois par les autorités sanitaires ; car contaminée par les hydrocarbures, la rendant ainsi impropre la boisson et nuisible à la santé.
V. Lwembe:
(Jeudi, 13 décembre)
Localité sit du secteur d’Imbongo, territoire de Bulungu. Elle est sur un haut plateau du nord-ouest de Kikwit. D’une latitude de S04˚52’12,1’’ ; longitude E18˚59’11,8’’ ; altitude 650 mètres.
Nous y avons mené une pré-exploration suite aux entretiens avec les locaux, pour identifier les indices d’hydrocarbures possibles dans la contrée. Le travail s’est effectué dans la rivière Tulu qui se jette dans Kumu, affluent du Kwilu.Tulu, ruisseau qui coule dans une profonde vallée (altitude 496m) avec érosion encore très active mettant en affleurement des séries complètes de sable ocre, de grès et d’argile à la base. Aucun signe particulier n’a été décelé.
VI. Kimbimbi:
(Jeudi, 13 décembre) :
Kimbimbi est situé dans le secteur de Imbongo, Territoire de Bulungu, à une latitude de S04˚51’08,7’’ ; longitude E18˚51’33,5’’; altitude 470m. Le travail est le même qu’à Lwembe et aucun signe particulier n’y a non plus été noté.
CRITIQUE DE L'INFORMATION :
La confirmation d’un régime marin dans la région prospectée en particulier, et dans la cuvette centrale de notre pays, en général.
En effet, la présence des concrétions ferrugineuses et de la bauxite dans le sous-sol de la région prospectée, deux minerais très liés de par leur dynamique de génération, en est une des preuves. En fait, la formations concomitantes des dépôts ferrugineux (cuirasse) comme celle des croûtes de bauxite (bouclier), résultent d’un même fait : l’altération (ou décomposition) des roches cristallines.
Les seules conditions favorisant une telle altération pour aboutir à la formation d’une cuirasse d’alumines et dépôts ferrallitique sont un « contexte marin en régime turbiditique ». La présence du calcaire karstique dans le sous sol de la région est un argument de plus pour étayer notre théorie. Le calcaire étant une roche sédimentaire se formant en milieu marin ou lacustre.
Les bahuts ou prairies à toundra aux configurations très particulières et parsemées des dolines accusent aussi d’un récent régime marin régional. Les bahuts sont les témoins des lacs résiduels consécutifs au retrait des eaux de cette mer intérieure qui couvrait l’ensemble de la cuvette centrale de la RDC.
Les dolines (visibles sur la photo ci-avant) en creux circulaires résultent de la dissolution du calcaire sous l’influence des eaux météoriques chargées d’acide carbonique ; formes caractéristiques donc d’un sous sol karstique.
L’autre constat important est que dans cette région, toutes les rivières déversent dans le Kwilu qui devient « le niveau de base de la région ». Dans la hiérarchie des niveaux, le Kwilu est suivi de la Lukeni en amont. Et la Lukeni se joint à la Mfimi qui se jette dans le lac Maïndombe et la Lokoro plus au Nord.
Ainsi, convient-il de conclure à l’existence d’un réseau des failles dont l’ouverture se solderait par ce phénomène de capture facilement observé ; la Lokoro coulant d’Est en Ouest jusqu’au lac Maïndombe, justifierait-elle un endoréisme de jadis dans la région avec l’existence antérieure d’une mer
Interne. Avec l’ouverture des failles, la Lukeni va capter le Lac Maïndombe par Kutu en amont et le Kwango en aval pour former le Kwa avant de se déverser dans le fleuve Congo, renversant ainsi le régime d’écoulement qui devient sur le coup, exhauréique. Les vitesses d’écoulement successives observées sur le cours de ces rivières, changements d’ailleurs des niveaux de la Lukeni à Mfimi, Kwilu puis Kwa avant de rejoindre le fleuve Congo.
Ce phénomène de capture s’observe encore plus facilement au niveau de Bandundu Ville, lorsque le Kwango se jette dans le Kwilu. En observant l’angle d’incidence de ces deux rivières, l’on constate la capture du Kwango coulant
Sud – Nord par le Kwilu qui lui impose un écoulement Est – Ouest.
La présence d’un conglomérat à gravier arrondi et lisse nous confirme un régime fluvial installé dans la région au moment du retrait des eaux. Le pendage de cette formation géologique vers les niveaux de base successifs confortent nos affirmations du retrait de la mer intérieure et du changement du régime d’écoulement des eaux.
CONCLUSIONS :
- Compte tenu de tout ce qui précède, on se risque de conclure que le bassin sédimentaire de la cuvette centrale remplit toutes les conditions pour générer les hydrocarbures. En effet, un régime marin turbiditique favorise une précipitation massive des planctons et autres organismes marins ainsi que leur enfouissement. Et grâce aux différents régimes fluviaux qui sont survenus, apportant des masses très importantes de sédiments, la Republique Démocratique du Congo possède l’un des plus importants bassins sédimentaires du monde, de par son épaisseur et son étendue ;
- La présence des points de suintement des huiles tels que observés à Ilanga Nkole ainsi que celle des schistes bitumineuses de Kipala est une confirmation de l’existence des réserves pétrolières dans la cuvette centrale de notre pays ; Il faut dire que d’autres points de suintement existent, les uns ayant déjà été confirmés par des précédentes missions, comme Tolo, d’autres sont en voie de l’être. Ceci permet de lever le doute quant à l’extention spatiale de ces réservés ;
- La présence du calcaire dans le sous sol de la région, peut nous pousser à croire que celui-ci peut constituer la roche magasin. Ceci est d’autant plus rassurant à cause de sa présence aux points de prélèvement, tant à Ilanga Nkole qu’à Kipala ;
- L’existence de l’argile en toît dans la contrée, lève le doute qui, jusque-là, planait encore sur le mécanisme ou type de pièges susceptibles de contenir le pétrole ;
- Le réseau de failles telles que observées, poussent à croire que les structures pètroliphères sont séparées les unes des autres. Dans la région que nous avons prospectée, deux structures se mettent en évidence : celle délimitée par le Kwilu et la Lukeni (structure sud), structure à laquelle appartiendrait Ilanga Nkole et Kipala ; Et celle délimitée par la Lukeni et la Lokoro (structure nord) à laquelle appartiendrait Tolo, Kiri et Inongo ;
- Une campagne de sismique et de micro- gravimétrie est nécessaire pour délimiter les structures pétroliphères et d’en quantifier les réservés ;
- Les échantillons des huiles collectés à Ilanga Nkole permettent de conclure que les hydrocarbures de la cuvette centrale de notre pays, sont encore dans la fenêtre des huiles. Néanmoins, des analyses sont nécessaires pour déterminer si c’est du pétrole lourd ou léger.
RECOMMANDATIONS :
Pour besoin de confirmation, une mission sur Tolo en période d’étiage de la rivière Lukeni, c’est-à-dire, mi-février ou juillet est nécessaire. On pourrait aussi inclure Bunu de Sia qu’on n’a pas prospecté pour des raisons que nous avons déjà évoquées plus avant. D’autres points de suintement ont aussi été identifiés sur la Lukeni et ses affluents.
- En préparation de la sismique, une mission de cartographie est nécessaire pour délimiter les aires à explorer de manière à réaliser des économies et définir d’avance les voies de collecte des données (routes, voies navigables, points d’attache, etc.) ;
- L’analyse des échantillons d’huile collectées nécessite qu’un laboratoire soit identifié et ce, dans un délai raisonnable pour limiter l’altération des échantillons.